Issue des termes grecs « auto », qui signifie « soi-même », et « phagie », qui veut dire « manger », l’autophagie désigne un processus d’auto-purification au niveau cellulaire.
« Cela correspond à la capacité du corps à se débarrasser et recycler ses propres déchets », explique le Dr. Monique Quillard, médecin généraliste. Ce processus a été identifié pour la première fois dans les années 1960.
En 1963, Christian de Duve, un médecin et chimiste belge, a découvert un mécanisme cellulaire de dégradation des protéines qu’il a nommé « autophagie ». Son travail remarquable lui a valu le prix Nobel de Médecine en 1974.
En 1988, le Professeur Yoshinori Ohsumi a mené des recherches sur la levure de boulanger et a prouvé que l’autophagie était un mécanisme également actif dans le corps humain. Ses découvertes, montrant que des dysfonctionnements de ce processus peuvent causer diverses maladies, lui ont permis de recevoir le prix Nobel de Médecine le 3 décembre 2016. Ce phénomène se retrouve aussi bien chez les animaux que chez les plantes.
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ToggleQu’est-ce que l’autophagie ?
L’autophagie, aussi appelée autolyse ou autophagocytose, est un processus où les cellules âgées ou endommagées sont détruites pour céder la place à de nouvelles cellules, indique le Dr. Quillard.
« Cela est connu sous le nom d’apoptose. Mais, quand seuls certains éléments de la cellule sont endommagés – souvent à cause des radicaux libres – l’autophagie commence. Ce processus d’auto-nettoyage dégrade les parties abîmées de la cellule », ajoute le médecin. Il se déroule en quatre étapes :
- Le corps envoie un signal à la cellule pour démarrer l’autophagie;
- Une double membrane phospholipidique enveloppe la partie endommagée pour former un autophagosome;
- Un lysosome, sorte de « poubelle cellulaire », se fusionne avec l’autophagosome;
- L’enzyme lysosomale dégrade le contenu de l’autophagosome, transformant les déchets en nouvelles ressources énergétiques pour la cellule, comme la transformation de protéines en acides aminés pour créer de nouvelles protéines.
« Une fois ce processus terminé, le corps peut commencer à renouveler les éléments détruits, optimisant ainsi le fonctionnement cellulaire et permettant au corps de se réparer et se renouveler avec le temps », précise le Dr. Quillard.
Pourquoi l’autophagie est-elle importante ?
Elle joue un rôle crucial dans plusieurs fonctions corporelles :
- Essentielle pour le système immunitaire, elle aide à neutraliser les pathogènes et les substances étrangères qui pénètrent dans les cellules;
- Elle aide les cellules à s’adapter et survivre sous stress;
- Elle est vitale pour le bon fonctionnement des neurones en favorisant le renouvellement des mitochondries, réduisant ainsi le stress oxydatif et la dégénérescence, mentionne Dr. Quillard.
- Elle permet également de survivre en période de famine en fournissant de l’énergie au corps.
Que se passe-t-il en cas de dysfonctionnement ?
Cependant, ce processus tend à diminuer avec l’âge et peut être affecté par un mode de vie inapproprié (manque d’activité physique, alimentation déséquilibrée, mauvais sommeil…).
« Lorsque l’autophagie ne fonctionne pas correctement, les composants cellulaires défectueux s’accumulent, ce qui peut favoriser l’apparition de diverses maladies, y compris des cancers », observe le Dr. Quillard. Les radicaux libres produits par les cellules vieillissantes peuvent endommager d’autres cellules et provoquer des mutations génétiques qui peuvent être cancérogènes. Une autophagie défectueuse peut aussi contribuer à des maladies auto-immunes comme le lupus, la polyarthrite rhumatoïde, le psoriasis, le diabète de type 1 ou la sclérose en plaques.
Elle peut également favoriser le développement de maladies cardiovasculaires et rénales, ainsi que des maladies neurodégénératives telles qu’Alzheimer, Parkinson, la maladie de Huntington ou la maladie de Charcot, car le point commun à ces pathologies est l’accumulation de protéines dans les neurones, entraînant leur dysfonctionnement ou leur mort, ajoute le médecin.
Comment stimuler l’autophagie ?
Stimuler l’autophagie pourrait aider à maintenir nos cellules en bonne santé plus longtemps, un moyen potentiel de prévenir les maladies et prolonger la longévité. Si cette hypothèse est confirmée, cela pourrait permettre de ralentir le vieillissement et de combattre certaines maladies.
En attendant que la science offre des solutions pour optimiser ce mécanisme, il semble que l’autophagie puisse être stimulée par un stress important, notamment l’exercice physique intense comme la course à pied, la marche rapide, le ski de fond, la danse aérobique ou le cyclisme.
Le jeûne est également bénéfique pour l’autophagie : en privant temporairement le corps de nourriture, il utilise d’abord ce qui est superflu pour obtenir de l’énergie, démarrant ainsi le processus d’autophagie en utilisant les réserves de glucose et les cellules graisseuses, puis en s’attaquant aux structures cellulaires endommagées, explique le Dr. Quillard.
Adopter une alimentation faible en glucides et riche en bonnes graisses (présentes dans les graines, les fruits à coque, l’avocat, les huiles végétales, les poissons gras) pourrait également être bénéfique car cela induit une légère cétose.
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Élodie Ferrand, nutritionniste et rédactrice, partage ses connaissances pour promouvoir une alimentation équilibrée et la santé au quotidien.

