Que vous soyez un aidant familial, un proche, un voisin ou un professionnel de santé, il est crucial de savoir reconnaître les signes de ce syndrome afin d’apporter l’aide nécessaire à temps.
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ToggleDéfinition du syndrome de glissement
Peu connu du grand public mais fréquemment utilisé en gériatrie, le terme « syndrome de glissement » a été introduit en 1956 par le Dr Jean Carrié dans sa thèse sur les modes de décès des personnes âgées en institution. Il décrit ce phénomène comme une « dégradation progressive et globale de l’état de santé« , touchant aussi bien le physique que le mental. Le « glissement » fait ici référence au sentiment du patient de perdre l’envie de vivre, glissant lentement vers la mort.
Le syndrome de glissement est dangereux pour les personnes âgées et est parfois décrit en termes médicaux comme un « suicide inconscient« . « Il existe des controverses autour de ce concept, explique le Dr Thierry Bautrant, gérontopsychiatre et expert. Il n’est pas reconnu comme une maladie psychiatrique ou gériatrique officielle, et à l’étranger, il est souvent vu comme une forme de dépression très rapide. En général, il s’agit d’un diagnostic par exclusion, effectué après avoir éliminé les possibilités de dépression, de troubles psychotiques et apathiques.
Population affectée
Ce syndrome touche principalement les personnes âgées, hommes et femmes sans distinction, souvent fragiles et ayant des antécédents de maladies chroniques ou de multiples pathologies (diabète, problèmes cardiaques, troubles respiratoires…). Il concerne entre 1 et 4 % des seniors hospitalisés de plus de 70 ans, avec une incidence plus élevée vers 80 ans.
Origines du syndrome de glissement
Les causes de ce syndrome peuvent être aussi bien physiques que psychologiques. « Il survient généralement après un événement marquant« , souligne le spécialiste. Des incidents comme une chute, une opération, un déménagement non désiré, une maladie grave, ou même le décès d’un proche peuvent déclencher ce syndrome dans les jours ou semaines qui suivent. Si cet état persiste, il n’est pas rare que d’autres maladies émergent, aggravant l’affaiblissement général du corps et de l’esprit, pouvant mener à la mort si aucune intervention adaptée n’est mise en œuvre.
Symptômes du syndrome de glissement
Ce syndrome se manifeste par un changement brusque et radical dans le comportement de la personne, qui montre un désintérêt pour tout, accompagné d’une perte rapide d’autonomie. Les symptômes incluent le refus de manger, de parler, de se laver, de s’habiller, de bouger ou de socialiser, ainsi qu’une passivité marquée. Ces signes doivent alerter l’entourage et les soignants. « On note souvent un abandon de la volonté de vivre« , ajoute le Dr Bautrant. « La personne semble se laisser ‘glisser’ lentement vers la mort. »
Identification du syndrome chez un proche ou un patient
« Il est difficile de distinguer ces signes de ceux d’un état dépressif », reconnaît le Dr Bautrant. Toutefois, contrairement à la dépression, le syndrome de glissement ne s’accompagne pas nécessairement de tristesse ou de troubles de la concentration, mais se caractérise par une détérioration physique notable. Lorsque ces signes sont présents, il est crucial de réagir immédiatement. Ce syndrome, bien que grave, n’est pas irréversible : il est possible de stopper le processus et de permettre à la personne de retrouver son autonomie avec un accompagnement adapté.
Durée du trouble
« Ce syndrome résulte d’une décompensation aiguë, survenant alors que la pathologie initiale a déjà été traitée », explique le médecin. « Lorsqu’il est pris en charge rapidement, il peut durer de quelques jours à un mois, rarement plus. »
Risques en cas de non-intervention
Si le syndrome n’est pas traité à temps, il peut entraîner rapidement des complications graves comme l’anorexie ou la déshydratation. « C’est un trouble à prendre très au sérieux car il peut conduire à la mort du patient si aucune action n’est entreprise », insiste le docteur. « Les études montrent que, sans traitement adapté, 80 % à 90 % des personnes âgées affectées par ce syndrome décèdent. »
Réactions appropriées en tant que proche ou équipe soignante
Un individu atteint du syndrome de glissement ne demandera pas d’aide de lui-même, refusant souvent les soins : la vigilance de l’entourage est donc essentielle pour agir rapidement. « Plus ce trouble est détecté tôt, meilleures sont les chances de rétablissement », affirme le Dr Bautrant. Il est important de savoir comment réagir et quel soutien apporter. Souvent, une prise en charge spécifique est nécessaire.
Si la personne âgée vit seule à domicile, il est conseillé d’organiser divers services d’assistance pour garantir un bon accompagnement. Un bilan avec le médecin traitant (idéalement de manière régulière pour anticiper ce genre de situation) est crucial pour déterminer les mesures à prendre immédiatement. Une fois l’état de la personne amélioré, il est important de prévoir une rééducation à l’effort et un soutien psychologique pour aider à la récupération.
Dans un établissement, l’intervention est souvent plus rapide car les premiers signes sont rapidement notés et traités.
Traitement adapté
« L’admission en maison de retraite est souvent nécessaire car la prise en charge peut être complexe et dépasser les capacités des proches, qui ne sont généralement pas formés pour gérer une personne refusant les soins », explique le gérontopsychiatre. Sur le plan médical, seuls les professionnels peuvent fournir les soins et l’accompagnement psychologique nécessaires, qu’il s’agisse de la prévention des escarres, du suivi psychothérapeutique, de la renutrition et de la réhydratation, ou de la gestion des complications.
Le traitement implique souvent des approches non médicamenteuses, essentielles une fois les troubles physiques pris en charge. Même en établissement spécialisé, les proches jouent un rôle crucial car le maintien des liens avec la famille et l’extérieur est vital pour l’amélioration de la personne. La réintroduction à la vie sociale peut être facilitée par des interactions douces et attentionnées, comme parler à la personne, lui montrer des photos de proches, lui proposer des activités liées à ses passions, ou même l’accompagner avec un animal.
« La formation des équipes soignantes est essentielle pour éviter toute approche brusque ou critique », ajoute le Dr Bautrant. « Il est crucial de prendre le temps nécessaire et de s’adapter aux besoins de la personne âgée pour bien l’accompagner dans sa guérison. Des méthodes comme la thérapie de médiation ou la réminiscence thérapie sont très efficaces mais nécessitent une formation spécifique. »
Prévention du syndrome de glissement
La prévention est essentielle pour protéger un proche. Cependant, elle peut être difficile à mettre en place car l’aidant, surtout s’il ne visite pas régulièrement, peut ne pas remarquer les changements de comportement ou les attribuer à une maladie, une fatigue ou un mécontentement liés à l’âge.
Voici quelques mesures préventives :
- Soyez attentif à l’état de santé de votre proche lors de vos visites, pour détecter rapidement les signes du syndrome. Cela est particulièrement important dans les périodes d’hospitalisation ou de convalescence, où la personne a besoin d’un soutien physique et psychologique ;
- Accompagnez votre proche lors de ses rendez-vous médicaux pour mieux suivre son état de santé ;
- Maintenez le lien social en lui proposant des activités, y compris des jeux de société ;
- Si vous êtes éloigné, envisagez un système de télésurveillance pour maintenir l’autonomie de votre proche et garantir une intervention rapide en cas de besoin ;
- Préparez soigneusement son entrée en maison de retraite : impliquez-la dans la décision, accompagnez-la lors des visites des établissements et aidez-la à s’intégrer, tout en lui montrant de l’affection.
- Consultez le médecin pour reporter d’éventuelles interventions chirurgicales anxiogènes.
Enfin, n’hésitez pas à informer le médecin de tout changement de comportement chez votre proche âgé, ou à appeler les secours si nécessaire. Il vaut mieux agir avec excès de prudence que trop tard !
10 signes à retenir pour identifier la maladie :
- Un changement brutal de comportement ;
- Une perte d’autonomie soudaine ;
- Un refus de s’alimenter et d’ouvrir la bouche, allant jusqu’à l’anorexie et la dénutrition ;
- Un refus de boire (adipsie), menant à la déshydratation ;
- Un refus de bouger, de se lever, de voir du monde ;
- Un repli sur soi, un refus de communiquer et un déclin cognitif ;
- De fortes angoisses (à l’idée de chuter de nouveau, d’être seul) et une tendance à la dépression ;
- Une grande fatigue, doublée d’une grande passivité ;
- Une constipation chronique et de la rétention urinaire ;
- Une opposition aux soins.
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Clara Duval, rédactrice spécialisée en formation médicale et prévention, apporte son expertise au service de la sensibilisation du grand public.

